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Les brasseries Brunehaut, Léopold 7 et Belgo Sapiens s'allient pour sortir de la crise


Marc-Antoine De Mees (à gauche), Olivier Van Cauwelaert (au centre) et Damien Demunter (à droite) pilotent la nouvelle Regenerative Beer Alliance, qui s'apprête à accueillir bientôt une quatrième brasserie.

Malmenées par la crise, les brasseries Brunehaut, Léopold 7 et Belgo Sapiens mutualisent leurs forces en capitalisant sur le durable sous l'égide du fonds Scale Up.


La pandémie, puis la crise des prix consécutive à l'invasion de l'Ukraine ont fait très mal aux brasseurs belges. Leur structure de coûts s'est trouvée bouleversée alors que nombre d'entre eux ont perdu des marchés entiers à l'exportation.


Les temps ont été particulièrement durs pour les plus petits d'entre eux, empêchés de négocier des hausses de prix avec leurs (grands) distributeurs parce que dénués de "pricing power". Parmi ceux-ci, on compte trois brasseries artisanales pourtant réputées pour la qualité de leurs produits: Brunehaut, Belgo Sapiens et Léopold 7. Avec l'aide du fonds à impact Scale Up et de l'invest du Brabant wallon IBW, elles ont choisi de sortir de cette situation difficile par le haut. En misant sur leur convergence d'intérêts pour le bien de la planète...


Un hasard heureux est intervenu dans cette histoire de fusion pas comme les autres. Tandis que les trois brasseurs cherchaient chacun de leur côté comment redresser la barre, Olivier Van Cauwelaert et ses associés dans le fonds Scale Up ont bâti un nouveau projet d'investissement, pour lequel ils ont constitué un bas de laine de 10 millions d'euros. Objectif: stimuler l'agriculture biologique et régénérative en soutenant, en aval, des filières de transformation.


Ce mode d'agriculture, de plus en plus suivi, vise à renforcer naturellement la santé et la régénération des sols, la biodiversité et le climat, en combinant des méthodes agricoles traditionnelles et des innovations.


Boulangerie et maraîchage suivront


"Nous avons retenu quatre secteurs de transformation, explique Olivier Van Cauwelaert: la brasserie, la boulangerie, le maraîchage et les fruits et boissons non alcoolisées. Et nous avons commencé par la première."


Les premières explorations du fonds l'ont conduit vers Marc-Antoine De Mees, le CEO et propriétaire de la Brasserie de Brunehaut, dans le village homonyme, et vers la société Vandecq, aux commandes de la brasserie Léopold 7, à Couthuin. Les deux brasseries étaient déjà très engagées dans des démarches de durabilité. Scale Up leur a proposé de s'allier avec lui en mutualisant leurs productions et leurs activités commerciales.


Une nouvelle société de type holding a été créée, Regenerative Beer Alliance (RBA). Scale Up y a pris un tiers du capital, Invest BW, intéressé par le projet et encouragé par la localisation du holding et de Léopold 7 dans sa zone d'action, a souscrit un autre tiers, et Marc-Antoine De Mees, le troisième tiers.


De son côté, RBA a acquis 50% du capital de Brunehaut et l'entièreté des parts de Léopold 7. Le dirigeant de cette dernière reste toutefois associé au projet en continuant de piloter la brasserie de Couthuin et en entrant au conseil de RBA.


Deux brasseurs et un financier dans le cockpit


RBA est ensuite entré en négociations avec la brasserie nivelloise Ceres (plus connue sous la marque Belgo Sapiens) et son CEO Damien Demunter. Le deal a abouti sous une forme légèrement différente: Damien Demunter a conservé 51% de sa brasserie, RBA a racheté ses minoritaires, puis le premier a souscrit lui-même 6% de RBA.


À la tête de l'Alliance pesant quelque 10.000 hectolitres de bière par an, on retrouve désormais Olivier Van Cauwelaert et Marc-Antoine De Mees comme co-CEO, et Damien Demunter comme Chief Operating Officer.


La mutualisation de leurs forces et compétences s'est traduite sur le terrain par le déménagement des installations de Belgo Sapiens à Brunehaut, le maintien des cuves de Léopold 7 à Couthuin, la remise à plat des gammes de bières de chacune des trois brasseries, et, last but not least, l'adoption d'une même politique d'approvisionnement: orge bio issu de cultures régénératives et produit localement, houblon "made in Belgium", etc.


RBA s'appuie sur l'association d'agriculteurs agroécologiques Cultivae, sur quelques fermes particulièrement investies dans cette direction, comme la Ferme des Terres du Val, et sur les services de la malterie Dingemans pour y arriver.


Un brasseur flamand dans l'antichambre


"La mutualisation implique aussi que chaque brasserie membre de l'Alliance devienne un pôle de distribution de toute notre gamme de bières dans sa région", précise Olivier Van Cauwelaert. À trois, elles auront aussi un accès plus aisé à l'horeca et, en particulier, aux pompes des cafés et restaurants.


"C'est une initiative très positive dans un secteur chahuté, qui vient de traverser deux années de crise", commente Nathalie Omin, senior invest manager chez IBW. Elle y voit un catalyseur qui créera des débouchés supplémentaires pour les agriculteurs engagés dans la durabilité.


"RBA reste ouverte à d'autres brasseries partageant nos valeurs, conclut Olivier Van Cauwelaert. Nous sommes en discussion avec un brasseur du nord du pays, qui serait notre tête de pont en Flandre. La Belgique est notre horizon et nous visons, à terme, à fédérer de cinq à sept brasseries, pour une production de quelque 20.000 hectolitres."

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