Au-delà des aspirateurs, on ne compte plus les hits signés Dyson ces vingt dernières années, du sèche-mains au sèche-cheveux, en passant par le ventilateur. Des outils ménagers qui certes ont un coût mais sont considérés comme un « excellent investissement » par les fans de la marque.
« La vie après une école d’art » est le titre que James Dyson a choisi pour la conférence qu’il a donnée le 7 février au Palais de Tokyo, à Paris, devant un parterre de collectionneurs d’art. Né en 1947, l’entrepreneur et inventeur britannique, qui a été anobli par la reine en 2007 et figure, avec une fortune estimée à 23 milliards de livres sterling (26 milliards d’euros), parmi les hommes les plus riches du Royaume-Uni, a étudié au Royal College of Art, à Londres, dans la même promotion que le cinéaste Ridley Scott. Il en sort diplômé en 1971 et commence immédiatement à dessiner des meubles et des intérieurs. Il imagine aussi le Sea Truck, un véhicule amphibie capable de débarquer sur n’importe quelle plage, conçu et fabriqué pour l’inventeur Jeremy Fry.
C’est le début d’une longue série d’inventions, couronnées de succès ou vouées à l’échec, qui mèneront James Dyson à mettre au point, en 1983 (après plus de 5 000 prototypes !), un appareil ménager révolutionnaire : l’aspirateur sans filtre, baptisé G-Force. Dix ans plus tard, son petit frère, le DC01, s’imposera comme l’aspirateur le plus vendu du Royaume-Uni. Un objet recensé parmi les « 999 objets cultes » de la bible du design de l’éditeur Phaidon.
C’est que les créations de Dyson, qui ont fait l’objet d’une exposition au Design Museum de Londres en 1996, s’illustrent par leurs indéniables qualités techniques (le principe de la mécanique des fluides appliquée à l’air), mais aussi par leur esthétique et leur valeur culturelle. Sans doute parce que James Dyson lui-même a toujours mixé art et ingénierie. « Dans un concert, nous avions imaginé l’orgue en tuyaux d’aspirateurs ! », se souvient-il, amusé.
Des aspirateurs comme des sculptures
En 2008, le CRAC (Centre régional d’art contemporain) Occitanie de Sète, à l’occasion de l’accrochage « Des constructeurs éclectiques », exposait le modèle Dual Cyclone entre une œuvre de l’artiste Johan Creten et une céramique du designer Ettore Sottsass. En 2024, l’entrepreneur britannique ouvrira sa propre galerie d’art au public à Dodington Park, dans les Cotswolds, une chaîne de collines du sud-ouest de l’Angleterre, bucolique à souhait, où il aime à se retirer pour réfléchir à ses futurs projets… Une suite logique pour celui qui précise « avoir eu l’idée d’exposer les aspirateurs sur des piédestaux dans notre showroom, comme s’il s’agissait de sculptures ».
Au-delà des aspirateurs, on ne compte plus les hits signés Dyson ces vingt dernières années, du sèche-mains Dyson Airblade au sèche-cheveux Supersonic, en passant par le ventilateur sans pales Air Multiplier. Des outils ménagers qui ont un coût, considérés comme un « excellent investissement » par les nombreux fans de la marque, et qui figurent souvent en bonne place dans les listes de mariage.
Le prochain produit lancé par Dyson profitera aussi des compétences acquises dans la filtration de particules par son fondateur : le Dyson Zone, casque audio hybride comportant un purificateur d’air. Si cette innovation a déjà été moquée, ces critiques laissent le septuagénaire de marbre – tout comme l’échec de sa voiture électrique, jamais lancée. « Ma vie est une série d’échecs qui m’ont beaucoup appris », conclut-il avec philosophie.
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